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La thèse soutenue par Basile Gross compte tenu du contexte du Burkina et de l’Afrique de l’Ouest pose un thème d’actualité et est fortement liée au développement économique et social.

Ce travail vient contribuer à la compréhension des dynamiques maraichères au Burkina et dans d’autres pays similaires ( Mali, Niger..)

Comme Jury, nous avons le Prof. Ronald Jaubert, directeur de thèse, Dr. Sylvestre Ouédraogo , Prof. Valérie Boisvert Philippe Fayet Sous la présidence du Prof. Michel Jaboyedoff.

Dans un document de plus de 500pages, M. Gross a parcouru le phénomène de l’agroécologie au Burkina sous l’angle d’un géographe.
Depuis 2013, M. Gross Basile a commencé ses travaux au Burkina et c’est donc le fruit d’un long processus qui a été couronné de succès avec la plus haute distinction.

Le maraichage n’est plus un phénomène saisonnier, mais, une activité qui se pratique toute l’année contrairement au début de la pratique de l’activité.
Le maraicherculture joue un rôle économique appréciable dans l’économie ouest africaine. Certains produits sont exportés dans la sous région(tomates et oignons) et même en Europe ( haricot vert, bissap…) et une autre partie de l’année, le Burkina importe les tomates du Ghana ( juillet aout) et exporte le même produit au Ghana entre Février mars avril), les pommes de terre et les oignons des pays base inondent notre marché en juillet aout septembre, également les oignons du Niger qui continuent jusqu’en Côte d’Ivoire.

Certaines spéculations sont restées localisées pendant des dizaines d’années (culture de la fraise par exemple au barrage de Boulmiougou).
L’agroécologie est une pratique agricole, une philosophie et un comportement. Elle veut concilier l’alimentation, le respect de la nature et la pratique agricole dans une dynamique d’ensemble.

La pratique de l’agroécologie n’est pas nouvelle : Les entrepreneurs qui stockent les oignons pour revendre savent quoi stocker et les maraichers savent quoi produire pour ce type de clients( production sans engrais chimique dans ce cas.)
L’agroécologie est à la mode au Burkina. A Ouagadougou, la capitale, une première boutique de vente de produits maraichers biologique a vu le jour il y a une année et un marché hebdomadaire de produits maraichers a également lieu dans un restaurant. Quelques maraichers et entrepreneurs commencent à proposer des « paniers » de produits biologiques livrables même à domicile.
La crainte de maladies par la consommation de légumes où le producteur a utilisé des pesticides semble orienter le choix des consommateurs souvent informés et nantis. Le niveau d’informations sur le bienfait ou les problèmes des pesticides est très faibles et le marché très poreux et sous équipé en moyens de traçabilité de pesticides et autres ne facilitent pas le contrôle à la frontière et à l’intérieur du pays.

Questions : pourquoi la culture de la fraise est restée très localisée à Boulmiougou et n’a pas été reprise ailleurs que très tardivement par d’autres producteurs ? le problème est lié à la complexité de la pratique ou au fait que les maraichers ont gardé jalousement leurs secrets ? Peut-on avoir des groupes de maraichers qui semblent se spécialiser par spéculation ou qui cachent des techniques de production pour avoir un avantage sur le marché ?
La question de renforcement de capacités semble se poser ici dans le domaine du maraichage mais, je pense que le marché reste l’aspirateur qui orientera la production. Former, informer les consommateurs sur la qualité des produits maraichers et trouver des moyens de détection simple pourront aider le consommateur à séparer le non grain de l’ivraie.

Les associations de consommateurs et de promotion de l’agro écologie ont donc du pain sur la planche, vu que le marché est dicté par le jeu de l’offre et de la demande et donc du critère prix qui dans une zone pauvre tend à préférer les produits les moins chers. Si on ajoute les zones minières qui polluent les sols au Burkina et font déserter des zones maraichères, les jeunes qui quittent le maraichage pour l’orpaillage et la vente sauvage d’intrants agricoles interdits en occident, on a ici un cocktail détonnant.
Les associations spécialisées en agro écologie attendent donc de pied ferme les synthèses des travaux de Basile Gross pour les donner des arguments solides dans leur politique de lobbying et de plaidoyer.

Dr Sylvestre OUEDRAOGO
Directeur Régional Institut Panafricain
pour le développement Afrique de l’Ouest et du Sahel( IPD-AOS)
Ouagadougou,

Résumé ( par son auteur)
Agroécologie du développement maraicher au Burkina Faso
Réorganisations spatiales, transformations socioéconomiques et enjeux de développement

Cette étude agroécologique du développement maraicher porte sur la transformation des rapports entre un environnement naturel (les terroirs maraichers des zones de Réo et de Ouagadougou), une population, et des activités qui les relient. Elle aborde le maraichage du point de vue socioéconomique de la subsistance, en l’articulant à une écologie humaine centrée sur le système agroalimentaire. L’agroécologie est mobilisée en premier lieu en tant que méthode, elle apparaît aussi en tant qu’objet d’étude à travers les projets et les pratiques agroécologiques. Si le maraichage est déjà pratiqué au Burkina Faso avant le XXe siècle, il gagne en importance à la suite des crises alimentaires des années 1970-1980. La nécessité de sécuriser les ressources hydriques et de développer les cultures de saison sèche mène en effet à la construction de près de 2’000 petits barrages. Cette évolution s’inscrit aussi dans des changements plus profonds de l’habitat et des modes de vie. Les champs individuels et plus particulièrement les jardins de bas-fonds prennent un rôle économique capital dans les exploitations familiales, ce qui se traduit par une emprise plus grande dans le paysage. Surtout, on assiste conjointement à la rupture de l’autarcie et à l’apparition d’un commerce alimentaire duquel dépend l’approvisionnement urbain. On glisse dès lors d’une économie de subsistance qui se limite à la satisfaction des besoins avec les moyens de l’exploitation familiale à une économie de marché moderne. Pour les paysans qui entreprennent une activité maraichère, celle-ci apporte une grande part des revenus de l’exploitation. L’activité est rentable et permet de satisfaire les besoins monétaires de la famille, bien qu’il existe de fortes disparités entre les exploitations. Mais elle ne se substitue que partiellement aux autres activités paysannes, et l’évolution ne se réduit pas à une simple transition. Les exploitants conservent une certaine autonomie alimentaire grâce aux cultures pluviales vivrières, ils pratiquent un petit élevage qui fait office d’assurance et d’épargne, et certains entreprennent des activités extra-agricoles comme le petit commerce ou la mécanique. La situation des exploitations familiales maraichères est avant tout caractérisée par une grande diversité. Quelques points marquants des transformations peuvent toutefois être soulignés : complexification de l’organisation foncière ; individualisation de l’organisation du travail ; monétarisation de l’économie et processus partiel de marchandisation ; modernisation de l’outillage ; artificialisation du milieu, avec les aménagements hydroagricoles ou plus généralement l’ouverture des écosystèmes sur le plan énergétique et matériel. L’évolution du maraichage, au-delà de l’adaptation du milieu naturel, n’est que très peu dépendante de l’aide au développement. Quelques maraichers bénéficient d’appuis, mais ce sont tous des exploitants relativement aisés. Les projets agroécologiques ne réussissent d’ailleurs pas mieux à toucher les populations les plus démunies. Seule une réponse simpliste et techniciste est donnée aux enjeux du développement maraicher. Les deux principales solutions contemporaines consistent ainsi soit à diffuser un package conventionnel comprenant un système d’irrigation goutte-à-goutte à bas coût, soit à promouvoir des pratiques agroécologiques du maraichage. Ces deux orientations s’opposent au niveau des discours, mais sont similaires sur le plan opérationnel. Elles reposent toutes deux sur des projets pilotés et financés par des structures du Nord et sur une diffusion de l’innovation technique à travers des fermes-écoles ou des fermes-vitrines. Le virage agroécologique, s’il constitue une voie prometteuse répondant en partie aux enjeux du secteur maraicher au Burkina Faso, nécessite d’être entrepris de manière plus endogène et plus en phase avec les réalités paysannes. La critique idéologique portée par l’agroécologie doit se prolonger sur le plan des pratiques de développement pour fournir une alternative écologiste globale au modèle moderniste et ainsi ouvrir des voies vers un système agroalimentaire durable.

Contacter Dr Gross Basile basile.gross@gmail.com

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